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DE LA VILLE DE PARIS.
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[i573]
affaires avec grande maturité de conseil, adviseront qu'ilz ne pouvoient fere meilleure éllection que de la personne de Monseigneur le Duc d'Anjou, Frere d'un sy grand Roy que du Roy de France, yssu de sy grandz et vaillans Roys et Empereurs, ausquelz beaucoup de nations estrangeres avoient aultrefois offert des royaulmes, et à ceux qui en estoient yssus; et oultre la famille dont ledict Seigneur estoit descendu, les grandes vertus et perfections dont Dieu l'auroit doué, la bonne nouriture et institution, et les grandz exploitz de guerre qu'il avoit sy vaillemment executez cn si jeune aage : pour ces considerations, ont lesdictz seigneurs Polonnois esleu, et a esté par eulx proclamé Roy d'une commune voix et consentement'1', et la proclamation faitte devant les Ambassadeurs du Roy Trés Chrestien, qui estoient : monsieur de Montluc evesque de Vallence'2), le sr de Noailles abbé de l'Isle'3', et le sieur de Lanssac,
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chevalier de l'Ordre du Roy, gentilhomme de sa Chambre et capitaine de cinquante hommes d'armes de ses Ordonnances '*'.
De ceste éllection Leurs Majcstez [eslanz] ad-verties tant par quelques seigneurs polonnois que par lesd, sieurs Ambassadeurs; el depuis, sachant que les Ambassadeurs, deputez par le Senat, les Seigneurs et tous les Ordres desdictz pays, estoient acheminez pour venir en France, qui sont'5' :
[i] l'Evesque de Posnanie, [2] le Palatin Greaduz Lastu, [3] le Castelan de Guenesgne, [4] le Conte de Gorca, Castelan de Mellerie, [5] monsieur le Castellan de Scura Herbuostua, [6] monsieur le Duc dc Razivil, Mareschal dc Lithuanie,
[7] le srBorostre, frere du Palatin de Sandomire,
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le duc d'Anjou, le roi de Suède, et un piast, c'est-à-dire tout noble Polonais que désigneraient ses concitoyens. Dès le premier tour de scrutin, le duc d'Anjou obtint nn immense avantage sur ses concurrents, et il fut proclamé Roi à la séance du 11 mai.
(■' L'interrègne dura l'espace de dix mois et il s'écoula encore plus de huit mois avant le jour où le Roi élu prit effectivement possession de son trône. — Après plusieurs remises, la Diète se réunit dans la plaine de Kamien, à un mille de Varsovie. L'élection du duc d'Anjou, proclamée le 11 mai, fut connue en France au commencement du mois suivant, et Charles IX l'annonça au Hureau par lettres du 6 juin, qui sont rapportées ci-dessous, cote 2, p. 85. C'est donc à tort que le marquis de Noailles avance que la nouvelle n'en fut connue à Paris quo le 17 juin. (Henri de Valois et la Pologne cn -.57-, t. II, p. 347.) — *-e- événement, qui suivit de si près la Saint-Barthélemy (cf. note 2, ci-dessous), fut un triomphe pour la politique de Catherine de Médicis en faveur de son liis préféré.
On trouvera des détails intéressants sur les voies et moyens préparatoires de l'élection dans une plaquette contemporaine, inspirée par les tenants du parti français, dont voici le titre : L'Ordre tenu et gardé par les Potentats et Seigneurs Polognois, en l'eslection de tres illustrissime Monseigneur le Duc d'Anjou en Roy de Pologne (avec les armes de Pologne et de Fiance). A Paris, par Guillaume de Nyverd, 1583 (sic, corr. 1573), i5 pages in-8°, contenant, outre la relation, deux pièces de poésie. Une autre édition à Lyon, Rigaud, 1678. Une relation différente et plus complète, à Rouen, (s. d.), chez Richard l'Allemand.
<-) Jean de Montluc (frère puîné du maréchal Blaise de Montluc, l'auteur des Commentaires), né vers i5o8, eut une vie très agitée dans l'Église ct dans l'Etat; ses opinions religieuses paraissent avoir varié autant que ses opinions politiques. Après avoir rejeté la robe des Frères Prêcheurs pour venir vivre à la Cour, il fut chargé de plusieurs ambassades en Turquie, à Rome, à Venise, au retour desquelles il reçut comme récompense l'évêché do Valence et de Die (1553). La mort de Henri ll fit dc lui le confident de Catherine de Médicis dont il inspira pour une grande part la politique; c'est à lui principalement que revient la pensée première de placer la couronne de Pologne sur la tête du duc d'Anjou. Chef du parti français en Pologne, il a laissé la relation de son ambassade qui a paru sous le nom dc son secrétaire do Choisnin, et un récit plus spécial de l'Election du roy Henry HF, roy de Pologne, Paris, 1574, in 4°. L'ambassadeur n'avait rien négligé pour la réussite des intérêts qui lui étaient confiés, même il n'avait pas hésité à faire un faux serment sur les origines et les suites de la Saint-Barthélemy; il fut désavoué après l'élection : il cn avait lui-même donné le conseil. Tombé en disgrâce, il finit par rentrer dans le giron de l'Eglise romaine, et mourut le i3 avril 1679 -1 Toulouse.
(-) Gilles de Noailles, l'un des frères de l'amiral de ce nom, naquit à Noailles en 152 4, et fut pourvu de plusieurs offices de robe au Parlement de Bordeaux avant d'entrer dans la carrière diplomatique. Successivement ambassadeur en Angleterre, en Pologne pour l'élection du duc d'Anjou, et à Constantinople, il vit ses services récompensés par l'obtention des bénéfices du prieuré de la Réole, de l'archiprieuré de Gignac, des abbayes de Saint-Amand-de-Coly et dc l'Jle-cn-Médoc. En i5C2, il avait reçu la coadjulorcrie de l'évêché de Dax dont son frère François, grand diplomate et érudit voyageur, possédait le titre, ct auquel il succéda cn 1585. Mais ses emplois et ses voyages no lui permirent pas de sc montrer dans son diocèse; il négligea méme de se faire sacrer, se démit en 1597 °-se retira à Bordeaux, où il mourut le 1" septembre suivant.
") Louis de Saint-Gelais, dit de Lusignan, seigneur de Lansac, baron de la Mothe-Saint-Héraye ct autres lieux, l'un des ambassadeurs du Roi à Rome (i554) et au concile de Trente, était encore pourvu des titres et fondions de conseiller d'Etat et de chevalier d'honneur de Catherine de Médicis, dont il fut l'un des plus intimés confidents.
(-' Ainsi qu'on pouvait le craindre, les noms et qualités des Ambassadeurs polonais et lithuaniens ont été altérés de diverses façons dans la transcription que nous avons sous los yeux. Le Greffier s'est tiré du moins mal qu'il a pu, sans doute, de la tâche difficile de noter des sons aussi exotiques; et les autres relations contemporaines ne sont guère plus assurées qua celle de notre Registre, sans
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